mardi 24 décembre 2013

Le libre-arbitre et la responsabilité

( le 7/01/2014 ) J'attendais pour écrire cet article d'avoir relu les derniers chapitres de Gazzaniga  où il aborde cette question. Mais le temps des fêtes a prévalu pour une part, et ma lecture n'a pas progressé. Ceci dit quelques précisions peuvent d'ores et déjà être indiquées, nécessaires à la compréhension de ce qui pourrait - et un jour prochain pourra - suivre. 
                  1) tout d'abord le sentiment que j'ai d'être responsable de mes actes est-il lié à l'existence en moi, selon moi, de cette faculté de "penser et de décider librement", c'est à dire sans influence extérieure en sorte que j'aurais pu décider autrement que je l'ai fait? Faculté que je nomme "libre-arbitre". Ou, au contraire, quelles qu'ont été les conditions qui ont abouti à l'acte que j'ai fait,  suis-je suis prêt à en assumer la réalisation et les conséquences.
                     2) Si mon acte, au lieu de demeurer à l'intérieur de ma sphère personnelle, a des répercussions dans la sphère sociale, il me faut m'attendre à ce que l'on me demande d'en  rendre compte et sous des aspects divers à ce qu'une sanction sociale soit portée.
                               a - Ce sera tout d'abord la réparation du préjudice porté. Sa détermination peut s'avérer complexe et tient compte de la gravité du préjudice. Elle met un terme à l'action civile, même si d'un point de vue personnel je - on - peut estimer, dans certains cas, qu'elle ne supprime pas totalement ma responsabilité. Si l'acte n'est pas délictueux, non seulement l'action civile s'arrête là, mais aussi l'action sociale. Si l'acte, par contre, est délictueux, l"action sociale passe au pénal.
                                    b - il s'agit cette fois pour la structure sociale, dans un premier temps, de se protéger et de se prémunir d'une éventuelle récidive. La panoplie des mesures disponibles est vaste et là aussi adaptable à la gravité de l'acte? Elle peut aller de la condamnation à mort, de la privation ou de la restriction de liberté, au placement en hôpital psychiatrique, s'il s'avère que l'audience d'un procès est inutile, l'auteur du délit étant dans l'incapacité psychologique de rendre compte de son acte. Ce qui ne manque pas d'insatisfaire  les représentants de la victime, souvent dans une logique de "punition", logique que jusqu'à présent nous n'avons pas rencontrée.
.                         c)   Se prémunir d'une récidive, c'est aussi rééduquer l'individu, en modifier les réseaux de contraintes qui habituellement s'exercent sur lui; ce que l'on sait aujourd'hui de la plasticité du cerveau ouvre à ce propos des perspectives intéressantes.
                                 d - Ce dernier aspect de la sanction sociale se confond souvent avec ce qui précède, car il se concrétise dans la même mesure; il en est pourtant très différent fondamentalement. C'est l'aspect punition de la condamnation. Je dirais volontiers qu'il s'agit là d'un aspect anachronique, reste plus ou moins adouci de l'ancienne loi du talion, ( on ne donne plus chez nous de coups de fouet ) mais dont la justification technique (effet de dissuasion)  est , selon certaines études, trés aléatoire et souvent d'autant moins efficace que la gravité de l'acte est importante. Nous sommes en réalité là dans une problématique morale, où il ne s'agit plus de délits ou de crimes, en référence à une structure sociale qui énonce le droit et le légal, mais de fautes, en référence à un code de moralité (qui nous vient d'où?) qui  se réfère au bien et au mal et qui  est transgressé.  
                                 La référence à mon  "libre-arbitre" ne s'impose pour la société qu'à ce troisième niveau; mais celui ci est un doublon symbolique du second et ne détermine plus en rien finalement le résultat final, que la structure sociale doit établir d'abord selon des considérations liées à son devoir de protection de ses membres. L' affirmation selon laquelle le "libre-arbitre" est nécessaire à la reconnaissance par la société de la responsabilité de ses membres ne peut se justifier que par des raisons qui ne relèvent pas de l'exercice juridique. On retrouve alors ici l'importance de l'origine de ce concept, d'inspiration théologique, impliquant une forme de dualisme ontologique.  







19 commentaires:

  1. Le libre-arbitre, la liberté et le relativisme

    Le relativisme a deux acceptions : la première est de relativiser tout propos car tout se vaut. La seconde est de pendre en compte le contexte culturel dans lequel s’élabore le propos. Toute réalité qui tente de décrire le réel s’inscrit dans un contexte culturel (relativisme objectif) et des convictions intimes (relativisme subjectif). Nombre de personnes et en particulier de scientifiques rejettent au nom de la première acception toute forme de relativisme et cela est bien dommageable (cf Aurélien Barrau Big Bang et au-delà).
    .

    La liberté est la capacité de choisir son chemin de vie. Un jeune croyant est libre de choisir ou non de s’engager dans une forme d’intégrisme et de partir en croisade au nom du bien et de la morale. Il ne dispose pas pour autant de la faculté de libre arbitre. Certains sont soumis à une force supérieure (famille, parent, hiérarchique, leader militant, gourou). Il peut être libre ou non de ses actes et de ses choix. La liberté d’être libre est une conquête. L’opprimant comme l’opprimés ne sont pas libres (cf N Mandela)

    Le libre arbitre est une posture méta de liberté et s’inscrit dans l’étique du doute ( cf E Morin)
    C’est la capacité de prendre en compte le niveau de subjectivité et d’ouvrir la réflexion à un grand nombre de paramètres occulté. A la différence d’une décision prise à la marge (liberté) le libre arbitre permet de s’engager localement dans un « pensé global » en son âme et conscience - conscience (valeurs morales, déontologie, éthique émergent de ses états conscients) - âme (ce qui l’anime, croyances, convictions, conditionnements, contexte et tout le non conscient qu’a nourrit son chemin de vie).

    Le libre arbitre cognitif : comment je pense ce que je pense ? Puis-je penser autrement ?
    Le libre arbitre émotionnel : suis-je dominé par mes émotions ? Est-ce que mon cerveau non conscient les surplombe ou est dominé par elles ?
    Le libre arbitre mimétique : quel est la nature de mon désir ? Est-ce je peux faire contrepoids aux conditionnements externes qui m’ont construits, à mes propres conditionnements internes ? Est-ce que je peux exercer un doute global sur le bien fondé de mes décisions, sur leurs cohérences et leurs pertinences ?

    Le libre arbitre s’inscrit alors dans une posture relativiste : prise en compte du contexte, de l’environnement des enjeux et des mes conditionnements. Le libre arbitre peut ainsi permettre d’évaluer le manque de compétence et d’inciter peut être à accroître la réflexion avant de décider. Le libre arbitre ouvre ainsi à la prise en compte des cinq principes qui font système :
    Principes de prévention, de précaution, de responsabilité, d’implication et de solidarité
    (Cf. ISO Développement durable)

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    1. Tout à fait d'accord avec le premier paragraphe. Le secpnd est pour moi plus problématique. D'une part la notion de choix n'est pas claire; par ailleurs tu opposes liberté et libre-arbitre, ce que je fais aussi, mais dans un tout autre sens que celui que tu sembles établir, en particulier dans le pragraphe suivant; c'est quoi une décision prise "à la marge"? Et l'expression "âme et conscience" n'est pas elle-même très claire, en particulier celle d'"âme" lourde de tout un passé auquel tu ne sembles pas te référer. Il serait nécessaire de préciser ce que en philosophie nous appelons le statut ontologique de ce qui est signifié par ce mot "âme". Les paragraphes suivants m'interpellent: je ne puis qu'être d'accord avec la description de ce que tu relie au "libre-arbitre": c'est tout simplement pour moi l'exercice même de la réflexionn philosophique, de la pratique philosophique. Mais pourquoi utiliser l'expression "libre-arbitre" pour désigner cela? Il serait nécessaire, là aussi , précisément dans le cadre de cette pratique, d'eesayer de repérer les raisons cachées - peut-être existent-elles -, inconscientes, non-dites qui font que l'on utilise ou que l'on rejette telle ou telle formulation. Les mots ne sont jamais neutres. Je crois que c'est Wiggenstein qui dit : "la philosophie est une longue pratique des mots." Pour moi l'expression "libre-arbitre" est lourde d'une telle histoire que je préfère l'éviter. Elle me met en relation avec un contexte culturel que je préfère regarder de loin. C'est effectivement une préférence qui a ses motivations épistémologiques (c'est quoi un choix? cf.ma réponse à ton commentaire suivant) mais qui ne réduit bien sûr pas à cela.

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    2. je vais repréciser quelques points que tu questionnes :

      Choisir = Décider cela correspond à un processus conscient ou non : collecter l'info, évaluer les risques, décider de la décision et de l'action communiquer surveiller la pertinence

      Décider à la marge : sans prendre en compte le global ex le mariage pour tous est une décision à la marge d'une législation de la vie en ménage globale

      Le Sens des mots : ce point est plus délicat. Notre culture est organisée par disciplines verticales. Le sens des mots utilisés en philo se réfère à l'histoire de la philo impliquant une forme d’académisme et surtout une connaissance approfondie des anciens. Mon approche est différente j'essais d'utiliser le sens du mot dans un regard transversal interdisciplinaire et aussi populaire ( utilisation de Wikipédiat. Bien souvent je redéfini le mots pour lui donner un sens arbitraire obligeant le lecteur à se questionner sur les différentes acceptions possibles et sur l'épaisseur systémique voire complexe de chaque terme important. Il y a complémentation logogrammique entre le sens des mots, le sens des phrases et des paragraphes qui le contient. Je sais que je suis fortement influencé par la méthode de Edgar Morin, un de mes maîtres à penser.

      J'utilise en autre le mot âme très chargé sur le plan religieux chrétien par l'obligation d'un double décentrement : racine de âme ce qui m' anime et dont je ne peux être conscient et puis par ailleurs avec l’ethnologie (Cf Animisme par ex). Dans cette expression âme et conscience il y a d'une part "non conscience" et "conscience" de ma décision, il y a aussi le lien entre la pensée et le biologique (l'interface étant la peau de l'âme cf. le libre de Michel Simon) et enfin l'aspect piquant provenant du fait que je suis athée et peu convaincu de la pertinence du concept occidental d'unicité du sujet.

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    3. "Le Sens des mots : ce point est plus délicat. Notre culture est organisée par disciplines verticales. Le sens des mots utilisés en philo se réfère à l'histoire de la philo impliquant une forme d’académisme et surtout une connaissance approfondie des anciens"
      C'est, à mon sens, une vision très réductrice du "sens des mots"; Celui - ci déborde de beaucoup la discipline où il est utilisé. Comme je crois l'avoir déjà formulé, il renvoie à toute une pratique sociale, porteuse d'enjeux symboliques lourds parfois de conséquences politiques; bien sûr, actuellement, nous pouvons dire à peu près n'importe quoi sans que ça ait d'autre conséquence que la compréhension par autrui de ce que nous disons ( mis à part les propos concernant certains sujets comme la religion, le racisme, la shoah, etc... l'épisode Dieudonné serait ici intéressant à analyser ); mais cela n'a pas été toujours le cas. Se référer à telle ou telle représentation du monde pouvait vous amener au bûcher. Les mots et leur utilisation s'inscrivent dans des pratiques sociales où les enjeux de pouvoir ne sont pas absents. Il n'est donc pas indifférent d'utiliser telle ou telle formulation et, sauf par naïveté, on ne peut pas ne pas tenir compte de leur rôle historique, qui dépasse de beaucoup, encore une fois, le sens que individuellement, je me crois capable de leur donner. L'expression "libre-arbitre", ainsi que le mot "âme" renvoie à des configurations de pouvoir historiquement liées aux forces qui les ont imposé. La dimension politique de la philosophie, pour moi, réside aussi dans ka façon dont, par rapport à cela, je me situe.

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  2. Du libre-arbitre à l’écosophie l’attention

    La société numérisée a considérablement augmenté le flux d’information qui submerge nombre de personnes, (plutôt les citadins). L’économie de la rareté, celle des biens matériels, se confronte à l’économie de la surabondance, celle de la connaissance et surtout de l’information.

    D’où ce nouveau concept d’ « économie de l’attention » qui avec un peu de recul va se décliner en écologie de l’attention puis en écosophie de l’attention (Cf. Y Citton). L’économie de l’attention est multiple : celle individuante, celle affective des proches et celle plus mimétique du collectif. On peut parler alors de flux attentionnels (relations, distribution, accaparement). La personne oscille entre choisir son objet d’attention, soit subir, être accaparé, être fasciné comme par l’image par exemple.

    L’écologie de l’attention prend en compte une sphère plus globale que celle économique :
    - l’attention comme facteur d’alarme et de survie, l’attention comme facteur d’épuisement
    - l’attention portée aux objets valorisés ou la valorisation des objets auxquels on porte attention
    - la capacité de non attention, de trie en lien à la fonction du cerveau de réduire les informations entrantes à celles utiles pour la survie ou le bien être. Le concept d’écologie de l’attention est en lien avec celui de liberté

    L’écosophie de l’attention va encore plus loin car elle embrasse aussi l’attention réfléchie ou méta attention induisant une intention d’attention. Cette intention est en lien direct avec le concept de libre arbitre. L’individu, qui est le produit de ses relations, se construit en quelque par les processus attentionnels conscients ou non. Les attentions croisées (voulues, induites par le non conscient, induites par le contexte et les autres) adressent trois performances cognitives : la pertinence (et la cohérence), l’efficacité (atteindre l’objectif) et l’efficience (optimiser la dépense d’énergie). On discerne ainsi plusieurs types d’attention : hyper focalisé, veille ouverte, attention flottante, contemplative, méditative, de ressourcement de détachement (désir mimétisme) et relaxante (impact biologique, psychosomatique). La méta attention ou attention réflexive participe au choix de ses aliénations ou conditionnements.

    En synthèse, on peut donc distinguer les processus de focalisation des imaginaires adjacents des fonctions biologiques supérieures d’attention suivants :
    • Attention primaire de vigilance (alertes pertinentes ou épuisantes)
    • Attention individualisante : singularisation de la personne (construit par nos objets d’attention)
    • Attention vis-à-vis des petits groupes, des proches centrée sur le « care », la bienveillance ou la haine, la colère etc.
    • Attention collective de type mimétique : conformation dynamique comme le ban de poisson
    • Méta attention ou intention d’attention

    Les processus ou hautes fonctions du cerveau, qui sont adjacentes aux fonctions imaginaires pourraient être condensés en quelques pôles :
    • Le pôle de conscience autobiographique et cognitif adjacent aux pôles de la méta cognition et du libre arbitre, le cerveau émotionnel
    • Le pôle émotionnel déclencheur des énergies de prise de décision
    • Le pole mimétique et de la « théorie de l’esprit » générant sympathie (fusion) et empathie (décentrement sur l’autre) adjacent aux pôles de d’aliénation, de conditionnement, d’apprentissage et de créativité
    • Le pôle attentionnel avec ses multiples types induisant les processus imaginaires détaillés dans le paragraphe précédent.

    Il deviendrait utile d'éclairer le regard philosophique par celui des neurosciences sur le fonctionnement du cerveau ( voir dans mon blog Cerveau-Imaginaire) et aussi dans un autre temps par celui de la sociopsychologie des processus de décisions contextuels (trois livres que j'ai publié chez AFNOR) caractérisant le "Manager dans l'incertitude"

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  3. merci pour tes commentaires très intéressants; je vais répondre au premier, mais je commence par celui là qui me parait plus simple. Le paragraphe pour moi essentiel est le quatrième : "l'écosophie de l'attention...La méta attentin ou attention réflexive participe au choix de ses aliénations ou conditionnements". S'agit-il-il ici d'un choix? C'est la tout le problème; le choix implique qu'au moment où je le fais, je pourrais en faire un autre. C'est ce que Bergson appelle l'illusion rétrospective. Ton dernier paragraphe me parait aussi très pertinent. Je n'ai pas lu tes livres, mais dans cette perspective, suis en train de lire "La société des affects" de Frédéric LORDON au seuil, paru en septembre 2013, et qui peut nous éclairer sur ce point. Que de travail en perspective! Nous ne sommes pas près de vieillir! Et pourtant, le temps ne nous est pas compté ( par qui le serait-il?), mais nous devons en tenir compte dans nos analyses, ce que nous oublions souvent.

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  4. On peut percevoir le concept de libre-arbitre comme ayant plusieurs acceptions, cette que tu considère serait alors différente de celle que j’utilise, soit.

    On peut aussi percevoir le concept de « libre-arbitre » comme une expression multidimensionnelle qui fait système avec d’autres termes qui sont considérés soit blocs indéformables soit eux même systèmes spatio-temporels. Je vais développer cela.

    En reprenant ton analyse : Libre-arbitre fait système avec Décision (choix), avec Responsabilité (rendre compte, réparation de préjudice, éviter la récidive, punition) et avec Capacitation cognitive (responsabilité ou irresponsabilité mentale).

    Je vais m’appuyer sur un cas concret : celui d’un véliplanchiste qui est entrain d’effectuer une traversée le long d’une cote rocheuse entre deux plages avec un vent de force 5 et des vagues qui moutonnent et déferlent sur la planche. Quels sont les risques ? Tomber entre les deux plages, ne pas arriver à repartir et se faire très mal en étant poussé par les vagues sur les rochers. Quelles sont les décisions ? Elles font système : négocier chaque vague pour ne pas tomber, décider de se lancer dans un autre bord ou aller se reposer à la plage (ce qui demandera beaucoup d’efforts ultérieurement pour revenir dans cette zone propice à la navigation. La décision est un ensemble de décisions qui font système. Le libre arbitre est aussi un ensemble de libres-arbitres qui font systèmes. Il en est de même pour la responsabilité et la capacitation cognitive.

    Prenons la décision de négociation de chaque vague. Quels sont les choix possibles, c'est-à-dire les degrés de liberté (Cf. Mathématiques) ? Il sont nombreux : inclinaison et orientation de la planche par rapport au vent, inclinaison de la planche par rapport à l’eau qui déferle sur la vague, orientation de la voile, appuie du corps sur la planche, suspension du poids du véliplanchiste en suspension sous la voile ….). Qui est, qui sont les arbitres, qui décide ? Un premier niveau de décision entre le désir mimétique de poursuivre le but, la peur émotionnelle de tomber et la raison cognitive de se libérer de la peur, du désir et de la raison qui ne sont pas des pôles pertinents de décisions pour déléguer au corps et plus exactement au système propriocepteur pour décider. Le corps, suite à apprentissage et à une pratique régulière va trouver et adapter en continue la posture optimale par la mise en « tenségrité » de tous les paramètres de liberté. L’équilibre de tenségrité fait système entre tous les paramètres pour réduites les tensions et énergies, tenir le but et accroître l’efficience. Pour cela, le cerveau doit fonctionner en attention flottante, le corps dispose alors du véritable libre-arbitre instantané. Si une chute se produit, les mécanismes cérébraux seront tout autres et la fonction cognitive reprendra toute sa place.

    En fin de traversée quand il faut choisir entre l’arrêt pour une pose ou le nouvel engagement, le processus de décision est tout autre. Enter fatigue, désir de sensations fortes, responsabilité vitale (risque d’accident) responsabilité sociale (familiale, travail, etc.) qui deviennent les nouveaux facteurs ou degrés de liberté, l’arbitre a changé, les enjeux et les responsabilités aussi. On pourrait par analogie utiliser le terme de tenségrité mentale entre les pôles attracteurs, de délégation au cognitif, au désir ou au corps pour faire pencher la balance d’en un cas ou l’autre.

    Le terme de libre-arbitre devient relatif à un contexte environnemental, décisionnel et capacitaire. Il n’est reste pas moins très pertinent pour moi.

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    1. l'ambiguïté de tout ceci réside dans le mot choix et ce que l'on signifie par ce mot; ou il implique que mon choix pourrait être différent de ce qu'il est, et je suis alors effectivement dans le cadre du libre arbitre, critiqué par Bergson comme étant une illusion rétrospective. Ou mon choix est déterminé par d'autres facteurs (internes ou externes) que la décision consciente à laquelle ensuite je me raccroche, et alors la notion de libre-arbitre ne signifie plus rien. Tout le reste n'est que paraphrase. L'exemple du véliplanchiste ne change rien à l'affaire : pouvait-il réellement, au moment où il se comporte de telle ou telle manière, et à condition de ne pas être autre que ce qu'il est à cet instant "t", se comporter différemment?

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  5. Je pense que notre dialogue se précise (dialogue : deux logiques qui se confrontent)

    ""l'ambiguïté de tout ceci réside dans le mot choix……je suis alors effectivement dans le cadre du libre arbitre, critiqué par Bergson comme étant une illusion rétrospective """

    Le choix résulte du processus de décision : le choix est l’ensemble des possibles que me permet d’envisager la compétence de libre arbitre, le choix est plus que cela car il inclus aussi les nouveaux choix élaboré par la fonction créatrice et l’exploitation des potentialités. Le libre arbitre permet de sortir du connu et de s’engager, prendre des risques évalués. Contrairement à Bergson qui se tourne vers le passé, le libre-arbitre est pour moi ce qui permet d’orienter le futur et de se libérer des systèmes de conditionnements de toutes sortes qui m’ont construits.

    """"mon choix est déterminé par d'autres facteurs (internes ou externes) que la décision consciente à laquelle ensuite je me raccroche""""

    Pour moi le critère de « décision consciente » comme siège du libre-arbitre est un regard dépassé au vu de ce que nous font découvrir les neurosciences (mais pas que). Les « états de consciences » sont des facteurs internes parmi d’autres qui sont régis par des apprentissages et conditionnements quelques fois choisis. Le libre-arbitre est une capacité de métacognition qui se concrétise par une intuition non raisonnée ouvrant au « penser global » pour « agir local », résultante d’apprentissages librement choisis et de maturations. Le libre arbitre permet de penser comment je pense par exemple et de changer de stratégie cognitive. On ne peut plus aujourd’hui penser comme le faisait Bergson. Le contexte de connaissance a changé.

    Cependant le terme de libre arbitre n’est pas une notion absolue mais relative, graduelle et sectorielle suite à un mûrissement personnel, ou relative entre plusieurs personnes.
    Peut on aller plus loin dans notre différence d'approche de cette notion complexe ?

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    1. "le libre-arbitre est pour moi ce qui permet d’orienter le futur et de se libérer des systèmes de conditionnements de toutes sortes qui m’ont construits." Si le libre-arbitre relève d'un faculté d'échapper aux processus causal de tous ordres, aussi bien externes qu'internes, il resterait à déterminer quel est le statut ontologique de cette faculté; d'où vient-elle? Quelle est-elle? Pouvons- nous échapper là à un dualisme à la Descartes? C'est sans doute à ce niveau que l'on peut encore essayer de' progresser; sinon effectivement nous allons tourner en rond.

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    2. Merci Bernard de m’obliger à préciser ma pensée

      Le libre-arbitre est une faculté qui ne s’oppose pas aux processus causals de tout ordre mais qui cherche à les confronter, à les évaluer pour ce qu’ils sont et aussi pour ce qu’ils apportent, éventuellement à les hybrider, à les fertiliser. Echapper à un dualisme à la Descartes reste d’actualité malheureusement dans beaucoup de discours politiques, scientifiques et même philosophiques. C’est pour moi un combat permanent et depuis de nombreuses années que de rejeter tout dualisme, et de le dépasser par une reformulation multipolaire des problématiques abordées. Apres les approches ternaires, j’ai finalement opté pour une forme arbitraire quadripolaire pour fonder ma pensée, pour problématiser comme pour établir des stratégies, pour penser agir en complexité (suivant E. Morin). Structurer sa pensée autour de 4 pôles « attracteurs étranges » et de leurs interactions brise toute forme de dualisme et intègre une part de systémique ou de complexité (dynamiques chaotiques). Je sais que cette forme de pensée est déjà d’une accessibilité difficile pour beaucoup de gens y compris des étudiants en master. Elle est donc élitiste et j’expérimente régulièrement de nouveaux processus pédagogiques pour la diffuser, pour la déployer.

      Revenons au terme faculté et à la question ontologique du libre-arbitre. Quelle est sa nature, ses qualités, son utilité, ses propriétés ? Le libre-arbitre est une compétence, c'est-à-dire qu’elle associe connaissance et expérience, qu’elle intègre valeurs, déontologie et éthique, qu’elle résulte d’un apprentissage, d’un conditionnement mental méthodologique conduisant à questionner tout ce qui va de soit, à relativiser toute forme de pensée aux contextes dans laquelle elle s’exprime. Cette faculté est graduelle et sectorielle, avec plus ou moins de pertinence dans les différents domaines où elle opère. Elle s’éprouve autant qu’elle s’apprend et s’expérimente ou se théorise.

      Mon approche multipolaire, long conditionnement méthodologique participe de cette faculté de libre-arbitre pour repenser toute forme dualiste dans un autre cadre plus large. J’ai par ailleurs défini un cadre de méthodologique pour penser un aspect du réel dans un choix de représentations multiples qui vont des approches déterministes, simples, systémiques (processus ou régulation) ou encore complexes (paradoxales, fractales, hologrammiques, ou chaotiques). Ceci est devenu mon cadre spontané de pensée. Il participe de mon libre-arbitre. Mon schéma du fonctionnement du cerveau par niveaux de complexité en donne un exemple. Je reconnais qu’il est d’un accès difficile. Il est le résultat d’une intuition qui s’exprime de façon visuelle, condensé comme un icône. Le développer en un discours dialogique serait beaucoup plus long. La faculté de libre-arbitre habite dans les fonctions hautes de ce schéma

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    3. "Le libre-arbitre est une faculté qui ne s’oppose pas aux processus causals de tout ordre mais qui cherche à les confronter, à les évaluer pour ce qu’ils sont et aussi pour ce qu’ils apportent, éventuellement à les hybrider, à les fertiliser."
      OK! mais alors qu'y-a-t-il de libre la dedans? J'avoue ne pas saisir l'intérêt d'utiliser cette expression dans un sens qui n' a à peu près rien à voir avec celui que l'histoire lui confère et que l'usage, en outre, conforte très largement. Les raisons de cette permanence pour moi ne peuvent être à rechercher principalement qu'au niveau practico-pratique, et non au niveau cognitif.

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    4. Je hisse le drapeau blanc à propos du libre-arbitre, c'est-à-dire une pose. Nous ne pouvons traiter notre différent au niveau de la question du libre-arbitre. Cela me ramène à la question racine qu’est-ce que philosopher, comment philosopher et dans quel but ?
      Reformulation de la question dans ton article "pratique de la philosophie" (à partir de la posture de Hannah Arendt)

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    5. je suis un peu d'accord, encore qu'il y a quelque chose que nous avons oublié dans tous nos commentaires sur le choix; c'est l'impact ressenti émotionnellement suite à représentation réfléchie des conséquences prévisibles de mon acte. Damasio nous aurait sans doute aidé, mais ce ressenti ne peut manquer d'intervenir sur l'évaluation que je peux faire de telle ou telle motivation, modifiant ainsi le réseau de contraintes, aussi bien externes qu'internes, qui s'exercent au cours du processus de décision.

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  6. Puis je penser librement ?

    Dans un contexte tel que les mathématiques par exemple, il semblerait que non. En fonction des axiomes de base, la logique nous impose des conclusions. Je ne peux pas penser que la somme des angles d'un triangle n'est pas un angle plat. Cependant combien de parallèles à une droite par un point donné ? Aucune, une seule, plusieurs ? La logique ne peut pas répondre. Il faut faire un choix, est ce cela le libre arbitre ?

    Dans le domaine moral, les choses ne se présentent pas ainsi, il me semble.
    Lorsque Jean Valjan doit décider s'il doit se dénoncer, il trouve rapidement des arguments pour et des arguments contre ... mais il ne peut pas décider car les arguments opposés ne sont pas de même nature. Il faut "arbitrer". Du point de vue logique le choix est arbitraire. Cependant nous sommes tous convaincus, le lecteur, Victor Hugo et le héros: il faut se rendre. C'est dans la "nature" du personnage, que peut on en penser ?

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    1. "Penser librement" veut-il dire penser en dehors de toute détermination, sans lien causal d'aucune sorte? Dans ce cas à moins de se référer à l'existence en nous d'une faculté au statut ontologique tout à fait différent de celui de notre cerveau ( à la mode Descartes, faculté en définitive d'origine transcendante voire divine), non, je ne pense pas "librement", et d'ailleurs mes pensées me résistent. Il est plus important de savoir "d'où le pense", c'est à dire de savoir quelles sont les influences qui s'exercent sur moi; ce travail, lui-même opéré sous influences, peut à lui seul modifier l'importance respective de telle ou telle; c'est ce jeu inextricable entre influences internes et externes, évoluant de pair qui rend difficile la référence à un "libre-arbitre" quelconque

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    2. Dans le cadre des mathématiques, qui restent pour moi une suite de langages (ou méta langages) et en particulier dans la géométrie, la faculté de libre-arbitre permet de relativiser la propriété des triangles dont la somme des angles est 180 degré, à la description du'n espace limite non courbe (euclidien). Dans tout autre espace courbe la somme des angles d'un triangle n'est plus 180 degrés mais plus ou moins. La faculté de libre arbitre permet entre autre de penser comment je pense, dans quel contexte et de fixer ainsi un cadre déontologique. C'est au cœur du doute méthodologique.

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    3. même chose que précédemment, on part du principe que cette faculté est soi-disant "libre" tout en étant sous l'influence des diverses causalités qui s'exercent; que dit-on exactement?

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    4. Pour Jean Claude:

      En effet, mon exemple n'est pas correct, puisque pour démontrer que la somme des angles d'un triangle fait 180 degrés, il faut admettre l'axiome d'Euclide.

      Je ne sais pas si on peut parler de libre arbitre en ce qui concerne l'acceptation ou non de l'axiome d'Euclide. Pour moi en l'espèce le mathématicien propose des hypothèses et en tire des conclusions.

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