mercredi 26 février 2014

Wittgenstein, à propos de...



     


Pour comprendre Wittgenstein, il convient de rappeler certains présupposés de la pensée classique: ils constituent la toile de fond conceptuelle que Wittgenstein commence par partager.:

                cf. article "Des présupposés de la pensée classique à leur remise en cause dans la pensée moderne et contemporaine":
             

  1)   Un besoin de certitude  absolue : Descartes, Spinoza, les mathématiciens et logiciens qui les ont suivi jusqu’à Godel, qui deviendra fou d’être dans la situation de démontrer qu’il est impossible d’y parvenir.

      2)  Le fonctionnement de ma pensée, dont le modèle est la rationalité logique des mathématiques, est adapté au réel ; c’est une nécessité, sinon Dieu qui est l’auteur de l’un et de l’autre ne serait qu’un malin génie cherchant à me tromper; (cf Descartes). Et Galilée écrira:« La mathématique est l'alphabet dans lequel Dieu a écrit l'univers » et « le livre de la nature est écrit en langage mathématique »

    3) Le fonctionnement correct de ma pensée est de passer de l’évidence sensible qui peut me tromper, comme critère de vérité, à l’évidence intellectuelle, que seule la logique en définitive peut me fournir.


                 

               Wittgenstein dont la particularité est d'abord de prendre en compte l'importance du langage, intermédiaire incontournable de mon rapport au monde va ainsi d’abord chercher à conformer ce langage à la rationalité logique, seule source possible de certitude donc, dans le contexte intellectuel où il évolue ; il s'agit alors d'écrire un texte où le choix des mots et leur place dans la phrase est déterminée par les relations logiques qu'ils entretiennent entre eux; c'est un exercice aussi artificiel que la création d'une oeuvre poétique soumise aux nécessités de la métrique ou de la rime; ce qui permettra à Wittgenstein d'affirmer qu'il faut considérer le Tractatus comme une oeuvre littéraire, une oeuvre d'art.
               Une telle pratique du langage va cependant être décevante très rapidement, car la rationalité logique n'apporte en définitive aucune certitude absolue ( tout système logique reste hypothético-déductif ) ni surtout aucune connaissance nouvelle.
             Wittgenstein va alors abandonner cette tentative de création d'un langage idéal, pour se tourner vers le langage ordinaire, tel qu'il est en usage par tout un chacun, dont il découvrira alors toute la richesse, liée à la variété de ses modes d'utilisation. La notion de jeu de langage devient ainsi primordiale pour déterminer le sens des mots utilisés, indépendamment des relations logiques qu'ils peuvent entretenir. Je parle avec des objectifs divers: pour informer sans doute, pour connaitre, mais aussi pour communiquer, pour ordonner, pour contraindre, pour plaire, pour me faire valoir, pour paraître, pour ne rien dire en fait, parfois, mais seulement pour occuper le terrain. 

                     Il me faut donc d'abord déterminer quel jeu de langage est en question pour décrypter le sens des mots utilisés. Ce sens n'est pas fixé une fois pour toutes...et il dépend inévitablement de l'intention qui préside à la prise de parole...le sens du mot n'est pas une simple donnée abstraite, logique, mais il contient une dimension pratique, éthique, à assumer, qui tient autant de l'usage antérieur du mot que de l'orientation pratique que, de ce fait même, il m'indique; Il ne s'agit plus ici de certitude, mais de processus de vie, lié à des connaissances dont le degré de vérité est inéluctablement relatif à leurs conditions - à la fois technologiques et conceptuelles - de fabrication et d'expression par le langage utilisé. 
                     

                                                     
                             Fin provisoire de l'article.