Comment s’organise le fonctionnement
cérébral sera l’objet des prochaines lignes, des pages 55 à 84…
D’abord les localisations… pp.54-57…
« Flourens
fut le premier à montrer qu’effectivement certaines parties du cerveau étaient
responsables de certaines fonctions…p.55 »
Puis l’importance de
l’inconscient…pp.57-59
« Au
début du xxième siècle émergeaient ainsi les idées de fonctions localisées dans
le cerveau et de processus non conscients…p.58 »00
Importance des lésions cérébrales pour
l’étude du fonctionnement cérébral…pp.59-62
« Grâce à
la médecine clinique nous pouvons déjà voir que des parties spécifiques du
cerveau contribuent à des activités précises de notre cognition…p.60 »
Comment fonctionnent ensemble ou
séparément les deux hémisphères ; cf. les expériences du « cerveau
divisé »…pp.62-70
« Une
nouvelle possibilité d’étudier le cerveau est apparue en 1961 chez des patients
dont les deux hémisphères cérébraux avaient été séparés ou divisés…p.62 »
« …j’avais
découvert que l’hémisphère gauche d’un patient au cerveau divisé n’avait pas
accès à l’information fournie à l’hémisphère droit. Le gauche ne savait pas ce
que le droit traitait et réciproquement. Nouq disposions de la possibilité
entièrement nouvelle d’étudier non plus un déficit dû à une lésion, mais la
capacité de tout un hémisphère séparé de l’autre…pp.67-68
Gazzaniga développe alors certaines des
particularités de chaque hémisphère pp.68_69
« …Tous
nos résultats donnaient l’image de spécialisations réparties dans tout le
cerveau. On pouvait cependant arriver à une autre conclusion après nos études.
L’observation que chaque hémisphère pouvait posséder une information en dehors
du champ de conscience de l’autre suggérait que la chirurgie avait induit un
état de double conscience…p.70 »)
Qu’en est-il alors de la conscience ?
et de notre sentiment d’unité ?pp 70-84
« …Cela
posait le problème de savoir si chaque conscience avait son propre sujet :
y avait-il deux « soi » ? et aussi deux volontés. Pourquoi les
deux moitiés du cerveau n’entraient-elles pas en conflit sur celle qui devait décider ?
Une seule moitié était-elle aux commandes ?...Pourquoi, pourquoi, pourquoi
y avait-il cet apparent sentiment d’unité ? Conscience et sens de soi étaient-ils
situés dans la même moitié du cerveau ? p.70 »
« …La science
avance et nous avons laissé tomber l’idée d’un système mental dichotomique…Nous
avons maintenant acquis l’idée qu’il existe une pléthore de systèmes, certains
au sein d’un seul hémisphère et d’autres répartis sur les deux. Nous ne pensons
plus du tout que le cerveau est organisé en deux systèmes conscients, mais
plutôt qu’il est formé de multiples systèmes mentaux dynamiques…pp.72-73
« …Nous
commençâmes à douter qu’un seul mécanisme puisse rendre compte de l’expérience
consciente et nous nous sommes alors orientés vers l’idée que l’expérience
consciente est le sentiment engendré par de nombreux modules, chacun avec ses capacités
propres. Comme nous trouvions des capacités spécialisées dans toutes les régions
du cerveau, et comme nous avions vu que l’expérience consciente était
étroitement associée avec la partie du cortex impliquée dans chacune de ces
capacités, nous en sommes venus à la notion que la conscience était répartie
dans tout le cerveau…p.75 »
« …Nous
avons alors pensé que la conscience était en réalité un phénomène local, due à
des processus locaux associés à un moment sensoriel particulier dans l’espace
droit ou gauche…Cette idée nous a permis d’interpréter des comportements
inexplicables présentés par certains patients neurologiques…p76 »
« Je
suggère que le cerveau possède toutes sortes de systèmes de consciences locaux,
et même une constellation qui rendent les la conscience possible. Bien que le
sentiment de la conscience nous apparaisse unifié, il prend sa source dans ces systèmes
largement séparés. Tout ce dont nous avons conscience à un moment donné est ce
qui vient à la surface, ce qui devient prédominant. C’est un monde de systèmes
concurrents qui agit dans notre cerveau, chacun cherchant à émerger pour
remporter le prix de la reconnaissance consciente. p.77
« …Comment
sommes-nous devenus aussi décentralisés et avons-nous abouti à ces multiples
systèmes ?... Notre décentralisation a résulté du fait d’avoir un gros
cerveau et de la neuroéconomie qui lui a permis de fonctionner. Des connexions
moins denses ont ainsi forcé le cerveau à développer des circuits locaux
spécialisés ou automatisés. Il en est résulté des milliers de modules, chacun
doté d’une fonction spécifique.
Notre conscience est la pointe émergée de
l’iceberg des traitements non conscients. Sous le niveau de notre conscience se
démène le cerveau non conscient…pp.79-80 »
« … Des
années de recherche sur le cerveau divisé nous ont montré que le cerveau n’est
pas un système de calcul multitâche, mais fait d’un nombre énorme de circuits
spécialisés connectés en série, fonctionnant en parallèle, et répartis dans
tous le cerveau pour prendre les
meilleures décisions. Ce réseau permet à toutes sortes de traitements non
conscients simultanés d’opérer pour nous permettre d »effectuer des choses
comme de conduire une voiture…En rapport avec cela est le fait que si un
traitement hiérarchique a lieu au sein de ces modules, il semble n’y avoir
aucune hiérarchie entre eux. Aucun de ce modules de réfère à un instance
supérieure, il s’agit d’un système s’auto-organisant où chacun fait ce qu’il
veut…p.81 »
« …Et
pourtant, nous nous posons toujours la même question de savoir pourquoi nous
nous sentons si unifiés et maîtres de nous…Comment un système peut-il
fonctionner sans tête et pourquoi a-t-on l’impression qu’il y en a une ?
La réponse à la première question est peut-être que notre cerveau fonctionne
comme un système complexe.
Un système complexe
se compose de nombreux systèmes différents qui interagissent et produisent des
propriétés nouvelles. Celles-ci dépassent la somme de leurs parties et ne peuvent
se réduire aux propriétés des parties. Un exemple classique qui permet de la
comprendre est celui du trafic routier…La caractéristique commune à tous les
systèmes complexes est qu’ils présentent une organisation sans qu’un principe
organisateur véritablement externe leur soit appliqué. Cela signifie qu’il n’y
a aucune instance supérieure, aucun homonculus…
Pourquoi nous
sentons-nous si unifiés ? Nous avons découvert quelque chose dans le cerveau
gauche, un autre module qui récupère toutes les productions du cerveau et en
fait un discours. Nous l’appellerons « module interprète » et ce sera
l’objet de notre prochain chapitre.pp82-84 «